Avec le Chef de la TSA, plus ça change, plus c’est pareil

Le mois dernier, le Chef de la Transportation Security Administration (TSA), M. John Pistole, a accordé une longue entrevue en public au Newseum de Washington (voir le vidéo ici), dans le cadre de la commémoration du 10ème anniversaire des attentats du 11 septembre 2001.

À cette occasion, il a évoqué les changements en cours et futurs au sein de son administration. Mais comme à son habitude, il a énoncé quelques contrevérités.

Ainsi, il évoquait tout d’abord le Checkpoint of the Future, développé par l’International Air Transport Association (IATA). Le projet vise à de reconstruire le point de fouille aéroportuaire en une série de trois couloirs parallèles, chacun correspondant à un niveau de risque spécifique et proposant des système de contrôle adaptés. M. Pistole concluait [à 19’00″] :

Pistole That’s a great concept, but it is not there from a technology perspective.

Certes, la technologie n’est pas encore au point. Mais quand bien même le serait-elle, le Checkpoint of the Future ne serait pas pour autant la panacée. John Pistole reprend ici à son compte la dialectique de sa ministre de tutelle, Janet Napolitano. Pour le Department of Homeland Security (DHS), en effet, la technologie est la solution ultime aux problème de sureté aérienne. Une position officielle que nous avons critiqué il y a peu sur ce blogue. Continuer la lecture de « Avec le Chef de la TSA, plus ça change, plus c’est pareil »

Le massacre norvégien, un nouveau mode opératoire

Un article signé Vigie Lance

Les attentats d’Oslo et la fusillade de l’ile d’Utoeya, ont révélé un tout nouveau mode opératoire qui est en fait un amalgame de tactiques utilisées par le terrorisme islamiste, le terrorisme domestique et les tireurs dits de masse :

  • attentats commis en deux endroits distincts, à intervalles rapprochés (technique propre à la mouvance Al Qaïda),
  • fusillade surprise (attentat de Mumbai),
  • voiture piégée bourrée de nitrate d’ammonium devant un édifice du gouvernement (attentat d’Oklahoma City),
  • fusillade de victimes piégées (tireurs de masse).

Anders Behring Breivik, un Norvégien dans la trentaine, extrémiste de droite, a reconnu être l’auteur de ce carnage qui a fait 68 morts et une centaine de blessés. Il faut rappeler que cette tragédie n’est pas le fait d’un commando armé, mais bien celui d’un seul homme. Breivik est ce qu’on appelle un « lonewolf ». Peut-être a-t-il été « conditionné » par d’autres personnes, c’est ce que pourrait révéler l’enquête plus tard. Il a semé la mort avec une précision quasi-chirurgicale. Cette minutie est généralement le propre des terroristes. Quoi qu’il en soit, Breivik a préparé minutieusement son plan durant plusieurs mois, exactement comme les terroristes islamistes et Timothy McVeigh, un ancien militaire inspiré lui aussi par la mouvance d’extrême droite.

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L’obsession technologique des autorités américaines – Le syndrome de la chaussure piégée

Jeudi dernier, une dépêche de l’AFP faisant état du discours prononcé le jour même, à Las Vegas, par Mme Janet Napolitano, Secrétaire à la sécurité intérieure des États-Unis, devant un parterre de gestionnaires de l’industrie du transport et du tourisme.

Elle y a déclaré que les bombes dissimulées dans les chaussures constituent encore et toujours une menace pour l’aviation civile. Elle a ajouté que son ministère cherche  activement une solution technologique à ce problème. Mais qu’en attendant, les voyageurs devront continuer à ôter leurs chaussures pour les faire scanner au point de contrôle préembarquement des aéroports.

Et d’asséner péremptoirement :

It’s a technological problem.

Cette petite phrase, totalement erronée, est lourde de sens. Elle révèle que, pour les autorités américaines, la sureté de l’aviation civile est avant tout, encore et toujours, une question de technologie : Continuer la lecture de « L’obsession technologique des autorités américaines – Le syndrome de la chaussure piégée »

Aéroport de Francfort : un attentat terroriste inquiétant, pourtant bien vite oublié

Le 2 mars dernier, sur la rampe des arrivées de l’aéroport international de Francfort (Allemagne), un homme est monté à bord d’un autocar qui s’apprêtait à convoyer une vingtaine de soldats américains. Il a sorti un pistolet et fait feu à plusieurs reprises, tuant ainsi deux militaires et en blessant deux autres.

La finalité terroriste de l’agresseur est aujourd’hui clairement établie : Arid Uka, 21 ans, musulman d’origine kosovare résidant en Allemagne, a agi de la sorte pour condamner à sa manière la présence de l’armée américaine en Afghanistan. Les soldats ciblés arrivaient en effet du Royaume-Uni et s’apprêtaient à rallier par la route la base américaine de Rammstein d’où ils s’envoleraient pour l’Afghanistan.

Ce qui frappe le plus dans cette attaque jihadiste, c’est la faiblesse de la couverture médiatique qui lui a été accordée. Une semaine après les faits, les médias internationaux n’évoquaient déjà plus l’événement ; et ce, avant même que ne surviennent le tsunami japonais et la crise libyenne

Pourtant, malgré les apparences, l’attentat de Francfort mérite une attention particulière. Il cumule en effet quatre éléments préoccupants ayant trait à la menace terroriste globale (1) comme spécifique aux aéroports occidentaux (2).

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Scanneurs à liquide dans les aéroports européens – Hypocrisie ou cécité ?

Ces dernières semaines, on parle de plus en plus du prochain relâchement de la restriction sur les LAG (liquides, aérosols et gels) au contrôle préembarquement dans les aéroports européens. Le New York Times vient d’ailleurs d’y consacrer un article.

En effet, d’ici deux mois (le 29 avril exactement), les passagers transitant par un aéroport de l’Union européenne seront autorisés à transporter des produits LAG achetés dans une boutique hors-taxes d’aéroport ou à bord d’un avion de ligne ; et ce, sans avoir à les faire scanner au point de fouille.

On se souvient que cette restriction sur les LAG trouve son origine dans un complot fomenté au Royaume-Uni en 2006 par des terroristes islamistes. Il s’agissait pour eux de faire exploser quasi-simultanément en vol au moins sept avions de ligne assurant la liaison entre l’Angleterre et l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) à l’aide d’explosifs liquides.

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Les médias sociaux comme stratégie politique internationale

Nous savons que les médias sociaux sont un instrument de communication par excellence. Nous connaissons tous leur utilité pour les particuliers. Mais savez-vous comment ils peuvent être utilisés pour la politique extérieure des pays ? Voici trois tactiques, parmi une multitude, qui peuvent être employées par certains gouvernements afin de maximiser leur influence dans le monde.

Tactique 1 – Faire entrer les logiciels nationaux vers d’autres pays comme influence politique et sociale

Les médias sociaux sont très utiles pour les gouvernements qui profitent de leur développement pour imposer toutes sortes de logiciels. Ceux-ci ont un impact important et sont utiles à l’influence gouvernementale via l’international. Par le biais de ces logiciels, le gouvernement peut augmenter son influence à l’intérieur même des pays moins « amicaux » via l’ouverture à sa culture, ses valeurs et ses ambitions. Il est donc profitable pour le pays de soutenir la fabrication de ces logiciels au niveau des entreprises locales ou multinationales, ayant le siège social principal au pays. Pour y arriver, des dérogations, voire des bénéfices sont offerts aux entreprises qui désirent développer des logiciels ou des versions de leur technologie à des pays étrangers.

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Droit syndical à la TSA – L’arbre qui cache la forêt

ou
Quand la paix sociale au sein d’une administration vaut plus que la sécurité et l’intérêt du public

Dans le domaine des décisions erronées, la Transportation Security Administration (TSA) américaine n’a décidément pas son pareil. Le 29 janvier dernier, son chef, John Pistole, annonçait qu’il mettait fin au Screening Partnership Program (SPP). Ce projet pilote visait à permettre à certains aéroports de faire réaliser le contrôle pré-embarquement des passagers par des agents de sécurité privée.

En effet, partout ailleurs, dans près de 440 aéroports américains, ce sont des agents de la TSA, donc du secteur public fédéral, qui officient aux portiques.

John Pistole vient de rayer d’un trait de plume péremptoire l’expansion de ce programme, qui reste en vigueur dans seulement 16 aérodromes – dont les plus notables sont les aéroports internationaux de San Francisco et Kansas City.

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Sectes et formation professionnelle – Quand les institutions canadiennes font les mêmes erreurs que les françaises

En 2006, le Conseil scolaire catholique franco-nord de l’Ontario (CSCFN) avait passé des contrats pour plusieurs sessions de formation en pédagogie émotionnelle avec l’Académie de plaisirologie et d’intelligence émotionnelle (APIE). L’année suivante, la direction du conseil apprenait que l’APIE était dirigée par un évêque et deux prêtres de la religion raëlienne. Le CSCFN décidait alors de mettre fin unilatéralement auxdits contrats et avertissait d’autres conseils scolaires de l’Ontario de ne pas faire affaire avec cette firme, en raison de l’obédience religieuse de ses formateurs.

Mais les trois disciples de Claude Vorilhon n’en sont pas restés là et ont porté l’affaire devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario. Le 10 décembre dernier, la juridiction rendait la seule décision qui s’imposait en l’espèce : elle a condamné le Conseil scolaire pour discrimination religieuse :

« Sur la base des documents déposés par les parties, le Tribunal conclut qu’il y a eu discrimination selon l’article 3 du Code [des droits de la personne], et ce, au motif de la croyance. L’intimé a mis fins a (sic) des contrats de service en raison de la croyance des requérants.»

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L’utilisation des médias sociaux par un mouvement populaire : l’exemple du Tea Party

Pourquoi le Tea Party est-il un mouvement politique intéressant pour les analystes du cyberespace ? Tout simplement parce qu’il est un exemple convainquant de la force et de l’impact des médias sociaux sur la création et l’évolution d’un mouvement populaire. Le lien pouvant se créer entre la cyber-mobilisation et l’utilisation d’une force sociale par des partisans plus radicaux démontre également qu’une anticipation sur le terrain, par les autorités compétentes, peut être faite à partir de l’observation du web. C’est ainsi que l’histoire du Tea Party démontre qu’une volonté de changement social peut être manipulée par l’extrémisme en la déviant de son but initial afin de déstabiliser la paix sociale pour obtenir une justification politique de leurs revendications.

Création du Tea Party et diffusion sur les médias sociaux

Tout commença lorsque des blogueurs, tels que Keli Carender, décidèrent d’organiser des manifestations contre les mises de fonds accordées par l’État dans le domaine bancaire afin de contrer la récession de 2008. Cette stratégie étatique se voulait être une simple étape dans un plan de relance plus large des États-Unis. Toutefois, certains Américains y virent plutôt une ingérence étatique menaçant les prémisses historiques de la Constitution par l’infiltration d’une gauche dans leur système politique. Continuer la lecture de « L’utilisation des médias sociaux par un mouvement populaire : l’exemple du Tea Party »

Le négationnisme sectaire entre par la porte de derrière

À peine avais-je terminé la rédaction de mon précédent billet consacré à l’Église de scientologie que je tombais sur un article du magazine Psychologies consacrée à l’organisation controversée.

Loin de moi l’idée de vouloir commenter toute l’actualité média sur le sujet. Mais cet article illustre parfaitement l’une des critiques que je formulais à propos du reportage TV Scientologie – La vérité sur un mensonge. J’expliquais en effet que les journalistes y avaient commis l’erreur de focaliser sur les témoignages d’anciens adeptes, au détriment d’une approche plus objective. Au lieu de simplement dire que les adeptes ont été trompés, il est toujours préférable de démontrer pourquoi et comment la secte trompe ses adeptes.

Ce n’est pas là une vue de l’esprit. Ce n’est pas jouer sur les mots. Cette distinction est essentielle. Centrer son propos sur les témoignages d’anciens adeptes n’est pas seulement inadapté. C’est surtout une démarche journalistique néfaste car elle offre aux sectes et à ses défenseurs une voie royale pour battre en brèche les arguments avancés.

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