Waco, 25 ans après – Pour en finir avec le mythe des assassins du FBI

Si la faillite du siège de Waco en 1993 peut s’expliquer en partie par les négligences des forces de l’ordre, la raison première de la tragédie réside dans la décision de David Koresh d’immoler sa communauté et ses adeptes plutôt que d’obéir aux injonctions de la justice fédérale.

Depuis plusieurs années, je suis régulièrement confronté à des personnes qui prennent pour argent comptant les récits conspirationnistes dans les affaires de sectes criminelles. Récemment, l’un de mes anciens articles consacré à la théorie du complot dans l’affaire de l’Ordre du Temple solaire a vu apparaître plusieurs commentaires, rédigés sur l’air de ♬Tout ça, ♪c’est un coupdes barbouzes♫. 

Elle a bon dos, la police secrète. Et elle est surtout très occupée puisqu’elle serait derrière :

  • les assassinats de l’Ordre du Temple solaire,
  • l’attentat au gaz sarin perpétré par Aum Shinrikyo,
  • le massacre/suicide collectif du Temple du Peuple,
  • l’invention de toutes pièces du « suicide collectif » prévu dans le groupe Néo-Phare (à Nantes, en 2002),
  • le drame des « Adventistes de Waco ».

Il y a exactement 25 ans aujourd’hui, 76 personnes périssaient dans les bâtiments incendiés de Mount Carmel, le ranch de la communauté des Branch Davidians de David Koresh, à Axtell (Texas), à proximité de la ville de Waco. C’était là le dramatique point d’orgue d’une perquisition puis d’une négociation ratées successivement par deux agences de la police fédérale américaine.

Le siège de Mount Carmel avait commencé sept semaines plus tôt, sous les auspices du Bureau of Alcohol, Tobacco and Firearms (ATF). Munis d’un mandat de justice, ses agents étaient venus perquisitionner les lieux pour suspicion de détention d’armes illégales. Mais David Koresh avait refusé de laisser entrer les policiers.

Le 28 février 1993, les agents fédéraux tentaient d’entrer en force dans le ranch. Ils essuyèrent alors un feu nourri de la part des Davidiens. À l’issue de l’assaut, cinq adeptes et quatre agents de l’ATF avaient trouvé la mort.

Le Ministère de la Justice avait alors confié l’affaire au Federal Bureau of Investigation (FBI).

Quelques mois auparavant en septembre 1992, l’ATF et le Hostage Rescue Team (HRT) du FBI avaient travaillé ensemble sur une situation similaire, survenue à Ruby Ridge (Idaho), sur la propriété d’une famille survivaliste. Le U.S. Marshall Service venait y exécuter un mandat d’amener pour un refus de comparution. Le premier contact se solda par la mort d’un U.S. Marshall et de deux résidents de la propriété. À l’issue d’un siège de onze jours, le FBI obtint la reddition des reclus sans victime supplémentaire. Les rapports officiels des commissions d’enquête sur l’affaire poussèrent le HRT du FBI à revoir certaines de ses façons de faire.

1. L’assaut du FBI

Durant les 51 jours du siège, les négociateurs du Hostage Rescue Team du FBI eurent toutes les peines du monde à s’entendre avec David Koresh. Ils parvinrent toutefois à faire sortir du ranch une trentaine de personnes dont une majorité d’enfants. Mais le leader religieux radical n’avait pas pour autant l’intention de capituler devant l’autorité fédérale.

Le HRT avait fait poser dans les murs de la bâtisse des dispositifs d’écoute des conversations.

Sunday Times, 21 mars 1993

En entendant que Koresh prévoyait d’incendier le ranch, le FBI décidait de donner l’assaut le 19 avril 1993. Après avoir insufflé des gaz lacrymogènes dans les édifices, les policiers fédéraux recouraient à des véhicules blindés pour défoncer des murs de Mount Carmel.

Certains adeptes de Koresh déclenchèrent alors avec de l’essence des foyers d’incendie en trois endroits de la bâtisse. Tandis que d’autres sectateurs exécutaient des fidèles cloîtrés dans des zones retranchées de l’habitation – certains d’entre eux se suicidèrent par balle. En tout, 76 Davidiens, dont 25 enfants de moins de 15 ans, trouvèrent ainsi la mort.

Depuis 25 ans, tout ou presque a été dit sur le drame. Dans les mois et les années qui ont suivi, diverses institutions américaines ont eu l’occasion d’écrire des volumes, dont les conclusions n’épargnaient pas les forces de police impliquées. On citera notamment les rapports :

  • du Ministère des Finances (1993),
  • du Ministère de la Justice (1993-I ; 1993-II),
  • de la Chambre des Représentants (1996 ; 2000) .

Du côté des agences fédérales impliquées, plusieurs des agents ayant participé au siège, aussi bien de l’ATF que du FBI, reconnurent leur échec et leurs erreurs dans :

  • l’évaluation de la menace,
  • le mode opératoire des assauts,
  • les méthodes de négociation,
  • la protection des informations sur l’opération,
  • leurs communications internes.

Mais pour les diverses commissions d’enquête comme pour les policiers concernés, il n’a jamais fait aucun doute que la responsabilité première de la tragédie revient à David Koresh et à ses lieutenants.

Le messie auto-proclamé a eu 51 jours pour obéir à la justice fédérale. Le 19 avril, lui et ses fidèles ont été avertis bien à l’avance que l’assaut allait être donné. Plutôt que d’obtempérer, Koresh a mis à exécution un plan dressé depuis des mois – dans l’attente d’une attaque extérieure qu’il considérait comme imminente – :

  • les bidons d’essence accumulés avaient été sortis de leur lieu d’entreposage, permettant ainsi à certains adeptes de mettre rapidement le feu aux bâtiments dès le début de l’assaut ; non sans qu’au préalable Koresh eut donné l’ordre de confiner des adeptes, de sorte qu’ils fussent la proie des flammes. Selon un rapport d’enquête des Texas Rangers de juillet 1993, les adeptes avaient très largement le temps de tous sortir du bâtiment après le début de l’incendie ;
  • quelques-unes des innombrables armes à feu amassées dans le ranch ont été utilisées par des Davidiens pour abattre certains de leurs coreligionnaires.

Que les victimes aient été ou non consentantes n’a aucune incidence. D’ailleurs, en ce qui concerne les enfants morts ce jour-là, il est évident que leur éventuel consentement n’était ni libre, ni éclairé. La tragédie de Waco, c’est donc d’abord et surtout la commission par certains Davidiens de multiples meurtres prémédités. Un assassinat de masse, comme on dit de nos jours.

L’affaire semble entendue depuis des lustres. Pourtant, bon nombre d’observateurs refusent encore l’évidence et vilipendent les autorités fédérales, criant au complot et à l’assassin.

2. Le rôle des universitaires pro-sectes dans l’émergence du conspirationnisme de Waco

Il est important de souligner que ce conspirationnisme trouve en grande partie ses origines dans les écrits de plusieurs universitaires, historiens et sociologues des religions, connus pour leur grande complaisance envers les mouvements sectaires.

En mai 1993, deux semaines après le drame, dans la revue Cristianità, organe de presse de l’association catholique traditionnaliste italienne Alleanza Cattolica, paraissait un article séminal, écrit par l’un des chefs de file de ces universitaires pro-sectes, Massimo Introvigne. L’avocat et sociologue italien jetait ici les bases de la quasi-totalité de l’argumentaire conspirationniste sur Waco. Et tout ça, sans avoir eu accès à aucun document de l’enquête, ni s’être entretenu avec le moindre survivant…

Introvigne reconnaissait aux Davidiens une responsabilité limitée dans le drame. Ah, que voulez-vous ? Ils sont millénaristes… Crime religieusement inspiré, à moitié pardonné.

S’agit-il donc d’absoudre les Branch Davidians ? Certainement pas. Ils sont aussi responsables, et la mentalité millénaire est pleine de dangers, pas seulement spirituels. Ceux qui attendent la fin du monde après-demain se comporteront facilement, en temps de crise, comme si la fin du monde avait déjà commencé.

Il désignait en revanche les policiers et l’administration fédérale comme les véritables « coupables » d’un massacre, ordonné par un président et une ministre uniquement dans le but de retaper leur image : 

Mais s’agit-il simplement d’une question d’incompétence ? Ou, comme d’autres l’ont suggéré, une administration, timorée avec les Serbes en politique étrangère et les terroristes en politique intérieure, a-t-elle voulu regagner une réputation de fermeté aux dépens d’un petit groupe certainement impopulaire ? La ministre de la Justice, Mme Janet Reno – fonctionnaire controversée en raison de sa vie privée et de son engagement public pro-homosexuel et pro-avortement à la limite du fanatisme – était-elle prête à redorer son blason avec une « victoire » facile ?

L’avocat italien allait même jusqu’à désigner certaines associations antisectes américaines comme instigatrices du funeste évènement :

Si j’étais moins sceptique, je considérerais plus troublant le fait que (…) les membres de la mouvance anti-sectes ont commencé à « prédire » une possible tragédie à Waco plusieurs mois avant qu’elle ne se produise, alors que personne n’avait entendu parler des Branch Davidians – à l’exception d’un spécialiste des branches plus périphériques de l’adventisme. (…) Je pourrais même aller jusqu’à spéculer que quelqu’un avait intérêt à créer un incident sanglant pour raviver la controverse anti-sectes à un moment où elle semblait languir.

Quelques mois plus tard, paraissait le livre collectif From the Ashes – Understanding Waco. Il était signé par plusieurs historiens et sociologues des religions, affiliés au Centre d’études sur les nouvelles religions (CESNUR), fondé par Massimo Introvigne. Ce livre était l’occasion pour plusieurs de ces universitaires de désigner clairement le FBI comme responsable de l’incendie et de l’abattage par balle des adeptes.

On mentionnera notamment les contributions de Chas S. Cliftonp. 1-6, de R.W. Bradfordp. 111-114, de James R. Lewisp.115-120 et de Susan J. Palmerp. 99-110. La sociologue canadienne n’hésitait pas à écrirep. 106 (souligné par moi) :

The line between manslaughter and murder begins to attenuate when we consider that some of this ‘bungling’ might have been deliberate. It is impossible for an outsider to understand the process of decision-making in the ATF and FBI, and the complexities of the power relationship between these two agencies; but if one considers that four ATF agents had been killed, one might presume that there is an unwritten code among police officers which would automatically rule out decisions which decreased the opportunity to avenge the death of their comrades. Decisions which endangered lives of Branch Davidians would therefore tend to be favored.

Les écrits les plus récents des universitaires prosectaires font encore et toujours état de cette vision déformée des faits. Pour contempler l’ampleur du désastre, il suffira de lire cet article de Catherine Wessinger, historienne des religions – et petit télégraphiste du CESNUR. On y appréciera sa maîtrise de la rhétorique et son art consommé de l’évitement des questions qui fâchent, telles que : David Koresh et ses sbires sont-ils, oui ou non, les auteurs d’un assassinat de masse ?

3. Les documentaires conspirationnistes

La même année que ce livre, le premier documentaire conspirationniste consacré à Waco voyait le jour : The Big Lie, lequel avançait notamment que :

  • c’étaient d’autres policiers qui avaient abattu les quatre agents de l’ATF morts lors de l’assaut du 28 février : trois d’entre eux ayant précédemment travaillé à la sécurité de Bill Clinton, il fallait éviter qu’ils ne divulgassent certains secrets…
  • lors de l’assaut du 19 avril, le FBI avait tiré au lance-flammes sur les bâtiments de Mount Carmel ;
  • des tireurs d’élite du FBI avaient abattu les Davidiens qui tentaient de fuir le brasier.

J’en passe, et des pires…

Ainsi naquit la rumeur du FBI, assassin d’innocents religieux. Elle allait être rapidement récupérée et élevée au rang de vérité alternative par certaines milices d’extrême droite, des groupes suprémacistes américains et autres mainteneurs radicaux du Second Amendement.

Le récit conspirationniste devait notamment s’ancrer profondément dans l’esprit d’un jeune vétéran de l’opération Tempête du Désert, un certain Timothy McVeigh. L’ancien soldat avait d’ailleurs fait le déplacement jusque sur le site pour assister de visu au siège de Mount Carmel – et pour vendre aux badauds des autocollants portant des slogans hostiles au gouvernement fédéral.

McVeigh déclarera quelques années plus tard qu’il avait vu dans l’assaut du FBI un acte de guerre du gouvernement fédéral contre le peuple américain. Lequel acte de guerre ne devait pas rester impuni. Aussi, le 19 avril 1995, soit très exactement deux ans après le drame de Waco, McVeigh fera exploser un bâtiment fédéral à Oklahoma City, causant 168 morts. C’est à ce jour l’acte de terrorisme intérieur le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis.

En 1997, le documentaire Waco: The Rules of Engagement était projeté dans divers festivals de cinéma. Il devait par la suite remporter un Emmy Award du meilleur documentaire – et même décrocher une nomination aux Oscar. Le film entend démontrer que, lors de l’assaut du 19 avril 1993, les agents du FBI ont fait feu sur les bâtiments du ranch, tuant ainsi par balle plusieurs Davidiens. Toutefois, l’un des auteurs, Michael McNulty se dissocia finalement du projet en raison de certaines coupes au montage.

McNulty s’attela alors de son côté à un documentaire encore plus radical. Ainsi, en 1999, il présentait Waco – A New Revelation, qui deviendra la pièce maîtresse du récit conspirationniste : McNulty entendait ici prouver notamment que le raid du 19 avril 1993 avait en réalité été effectué par des membres des Delta Force (forces spéciales de l’armée américaine), assassinant par balle les Davidiens retranchés, posant des explosifs et allumant le brasier. Le tout sur ordre du Président Clinton. McNulty accusait également la Première Dame, Hillary Clinton, d’avoir dissimulé des preuves de l’implication directe des militaires.

Deux ans plus tard, McNulty produira un autre documentaire, The F.L.I.R. Project, dans lequel il s’emploiera à prouver que des agents du FBI ont sciemment tiré sur les Davidiens qui fuyaient la bâtisse en flammes.

En septembre 1999, un nouveau rapport d’enquête des Texas Rangers fit apparaître certains éléments nouveaux, notamment l’utilisation par le FBI durant l’assaut final de grenades lacrymogènes pyrotechniques (susceptibles de déclencher un incendie). Le FBI ayant jusque là réfuté constamment une telle hypothèse, les conspirationnistes y virent une preuve du mensonge organisé par le gouvernement fédéral.

Dans la foulée de la remise de ce rapport, la ministre de la Justice Janet Reno nomma John C. Danforth, ancien procureur général et ancien sénateur du Missouri (et accessoirement prêtre épiscopalien) à la tête d’une commission d’enquête.

4. Le rapport Danforth

En novembre 2000, le conseiller spécial remettait son rapport, une somme de plus de 1500 pages, qui constitue la référence sur la tragédie de Waco.

Selon les adeptes des théories du complot et une large frange de l’extrême droite américaine, encore aujourd’hui, les conclusions du rapport Danforth ne seraient évidemment pas crédibles (puisqu’elles émanent du corrompu establisment politique fédéral). À leurs yeux, ce sont toujours les documentaires de Michael McNulty qui font foi, comme l’atteste l’interview de ce dernier sur InfoWars, la chaîne conspirationniste d’Alex Jones, en 2013.

Mais les faits aussi sont têtus. En se fondant sur un millier de témoignages, sur des centaines de milliers de pages de documents procéduraux, sur l’étude de milliers de pièces à conviction et sur des rapports d’experts en explosifs, en balistique, en sécurité-incendie, en médecine légale, en enregistrements audio et vidéo,… le rapport Danforth établissait formellement que :

  • les Davidiens retrouvés morts par balle dans les décombres s’étaient suicidé ou avaient été abattus par certains de leurs coreligionnaires, et non par des agents du FBI ;
  • le gaz lacrymogène que le FBI avait insufflé dans les bâtiments avant l’assaut n’était pas inflammable ;
  • les grenades lacrymogènes dites pyrotechniques lancées par des agents du FBI sur le ranch avaient effectivement le potentiel de causer un incendie, mais seulement si elles étaient lancées dans un environnement propice, contenant du liquide ou des vapeurs inflammables. Or, ces projectiles avaient été lancés plusieurs heures avant le déclenchement de l’incendie et avaient atterri dans des zones ne présentant pas de risque de départ de feu ;
  • le brasier n’avait pas été allumé ni même causé par l’intervention du FBI mais bien déclenché délibérément par des Davidiens, dans le but d’immoler par le feu la communauté.

5. Le témoignage de Graeme Craddock

Le rapport Danforth mentionnaitp. 9 par ailleurs les déclarations devant la justice de deux Davidiens survivants, affirmant avoir été témoins d’un ordre d’allumer un foyer d’incendie à l’intérieur de la bâtisse – un ordre donné par un lieutenant de David Koresh.

L’un de ces deux témoins est l’Australien Graeme Craddock. Il fit cette déclaration une première fois devant un grand jury en 1993, dans le cadre de la poursuite à son encontre pour sa participation à la fusillade du 28 février. Graeme Craddock réitéra son témoignagep. 259 s. lors d’un procès au civil en 1999.

Mais quel crédit faut-il accorder à ces déclarations ? Pour certains apologistes des sectes, on ne doit jamais se fier au témoignage d’un apostat : un adepte  qui a renié sa foi exagère toujours, voire invente des histoires d’horreur pour accuser son ancienne église et justifier à postériori son départ du mouvement.

On voit bien ici l’outrance caractéristique des universitaires pro-sectes. Certes, il arrive qu’un apostat exagère ou invente. Mais il est absurde de généraliser. Je sais d’expérience que, bien souvent, les témoignages d’anciens adeptes sont  fiables.

Aussi, au tribunal, en 1993 puis en 1999, Graeme Craddock n’aurait-il pas eu intérêt à abjurer sa foi et à témoigner à charge contre les Davidiens, dans l’espoir d’une éventuelle remise de peine ?

En fait, l’hypothèse de l’apostat revanchard, opportuniste et menteur ne tient pas, pour deux raisons :

  • Graeme Craddock fut condamné en 1994 à vingt ans de réclusion, pour port d’une grenade explosive et d’une arme à feu durant la commission d’un crime. En 2000, sa peine fut ramenée à quinze ans de réclusion par une décision de la Cour Suprême qui avait requalifié les faits infractionnels. Graeme Craddock ne fut libéré qu’en 2006. Il en aurait été tout autrement s’il avait passé un accord avec le procureur en 1993 pour « charger » les Davidiens.

  • Graeme Craddock n’est pas un apostat. Lors de son témoignage en 1999, il était encore un Davidien convaincu. Et 25 ans après le drame, il n’a toujours pas abjuré sa foi en David Koresh.

Interviewé dans le cadre de l’émission 60 Minutes-Australia diffusée le 11 mars dernier, il y déclare qu’il considère toujours Koresh comme le Messie, dont il attend le retour sur Terre. Pour Craddock, le siège de Waco était une épreuve assignée par Dieu à la communauté des Davidiens.

Et dans cette entrevue, à titre de témoin direct , il réitère sa version des faits : ce sont bien des sbires de David Koresh qui ont volontairement mis le feu au ranch de Mount Carmel. (cf. vidéo ci-dessous, à partir de 1’35 »)

25 ans après la tragédie, 12 ans après avoir fini de purger sa peine aux États-Unis, et résidant depuis aux antipodes, on voit mal les raisons qui  pousseraient aujourd’hui Graeme Craddock à évoquer cet épisode douloureux de sa vie, dans le but de mentir ainsi face caméra. Après le visionnage de son récent témoignage, le moindre doute ne doit plus être permis.

Dans cette entrevue, Graeme Craddock reconnaît1ère vidéo de 60 Minutes, à partir de 10’08” par ailleurs implicitement que David Koresh avait des relations sexuelles avec de jeunes mineures. Il confirme ainsi ce que l’on savait déjà depuis longtemps, notamment via les témoignages des jeunes survivantes victimes de ces viols. On apprécierait par conséquent que les « observateurs » qui depuis 25 ans les traitent de menteuses s’excusent platement puis se fassent oublier.

Quant à ceux et celles qui tentent de délégitimer le mandat de perquisition de l’ATF, arguant que cette agence n’a pas pour mandat d’investiguer des viols sur mineur, il ne faudra pas qu’ils s’étonnent d’engendrer le mépris. À commencer par le mien.

On ne peut certes ignorer les graves erreurs commises par les forces de police dans la gestion de la crise de Mount Carmel. Mais cela ne doit jamais occulter que :

  • à l’origine du drame, des Davidiens ont abattu quatre policiers dans l’exercice légitime d’un mandat de perquisition délivré par la justice.
  • 76 adeptes (dont 25 enfants) ont péri sous les balles de leurs coreligionnaires et dans le brasier allumé à dessein par des religieux radicaux dans le seul but de défier le pouvoir temporel.

À propos de Arnaud Palisson

Arnaud Palisson, Ph.D. fut pendant plus de 10 ans officier de police et analyste du renseignement au Ministère de l'intérieur, à Paris (France). Installé à Montréal (Canada) depuis 2005, il y a travaillé dans le renseignement policier puis en sureté de l'aviation civile. Il se spécialise aujourd'hui dans la sécurité de l'information et la protection des renseignements personnels.