La loi américaine sur les armes à feu indétectables rate sa cible | 0/3

Aviation civileIntroduction

Cette semaine, le Congrès américain a reconduit à l’identique, pour dix ans, la loi prohibant les armes indétectables (Undetectable Firearms Act), votée en 1988 pour une durée déterminée – et régulièrement renouvelée depuis.

À l’origine, ce texte avait pour objectif d’empêcher d’éventuels terroristes d’introduire de telles armes à bord des avions de ligne pour en prendre le contrôle. Des fabricants d’armes tels que Steyr Mannlicher et Glock avaient en effet produit des pistolets en polymère. Selon la rumeur – alimentée par une fameuse (et malencontreuse) réplique de Bruce Willis dans Die Hard 2 -, ces armes pourraient tromper les systèmes traditionnels de détection.

guillemet_mcclaneThat punk pulled a Glock 7 on me. You know what that is? It’s a porcelain gun made in Germany. Doesn’t show up on your airport X-ray machines, here, and it cost more than you make in a month.

Bien que les preuves formelles de cette assertion fassent défaut, les pouvoirs publics américains ont pris la chose très au sérieux. Et les attentats du 11-Septembre n’ont rien fait pour les rasséréner.

La reconduction récurrente de cette loi américaine revêt une certaine importance pour le Canada. En effet, le texte vise au premier chef l’aviation civile. Or, à diverses reprises, les autorités américaines ont demandé et obtenu du gouvernement canadien des modifications de la réglementation fédérale concernant les vols vers les États-Unis, afin de répondre à des préoccupations majeures de sûreté aérienne. On peut donc légitimement imaginer un futur amendement du Règlement canadien sur la sûreté aérienne (RCSA) – ou d’un règlement connexe – prohibant les armes indétectables dans nos aéroports.

Une telle disposition constitue-t-elle pour autant aujourd’hui une réponse adéquate des pouvoirs publics ? Rien n’est moins sûr, si l’on se fie à la loi américaine récemment reconduite. Plusieurs raisons justifient ce scepticisme.

Tout d’abord, si ce texte présentait une certaine pertinence en 1988, il s’avère totalement obsolète un quart de siècle plus tard. Par ailleurs, la loi se révèle incapable de répondre à la question qui fâche : comment détecte-t-on des armes indétectables ? Enfin, elle constitue une arme à double tranchant, qui fait plus de mal que de bien.

1 – Un texte aujourd’hui largement obsolète

2 – Comment détecte-t-on des armes indétectables ?

3 – Une loi qui aggrave la situation

À propos de Arnaud Palisson

Arnaud Palisson, Ph.D. fut pendant plus de 10 ans officier de police et analyste du renseignement au Ministère de l'intérieur, à Paris (France). Installé à Montréal (Canada) depuis 2005, il y a travaillé dans le renseignement policier puis en sureté de l'aviation civile. Il se spécialise aujourd'hui dans la sécurité de l'information et la protection des renseignements personnels.