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La TSA et le complexe du poinçonneur des Lilas.
Il y a quelques jours, on apprenait que la Transportation Security Administration (TSA) allait supprimer tous les agents de profilage comportemental (Behavior Detection Officers – BDO) à temps plein dans 35 aéroports américains, soit 246 postes.
L’administration a justifié ces coupes par des restrictions budgétaires, mais aussi par des considérations de gestion du risque. Comprenne qui pourra…
L’AFGE – le syndicat représentant les agents de contrôle de la TSA – a aussitôt dénoncé cette décision :
AFGE once again argued its position that, particularly in light of the LAX shooting incident, the union believes there is a need for more BDOs, not less.
On ne saurait mieux dire.
Pourquoi la TSA supprime-t-elle de tels postes, alors que ces agents sont les seuls susceptibles d’éviter une tuerie comme celle de l’aéroport international de Los Angeles ? Deux raisons :
- le profilage comportemental a encore et toujours mauvaise presse (Eh oui, ma bonne dame, tout le monde sait bien que c’est du profilage racial).
- pour l’administration fédérale, il est plus payant à court terme de se rabattre sur des solutions conventionnelles – même inefficaces – du moment que le contribuable peut voir où passent ses impôts.
À ce propos, on ne sait pas encore comment seront réaffectées ces ressources, mais il y a tout lieu de penser que, en lieu et place des profileurs, on verra fleurir toujours plus de Document Checkers, c’est à dire des agents chargés de vérifier que le nom sur votre carte d’embarquement correspond à celui sur votre passeport. Vous avez dit « Security Theater » ?
Il est intéressant de mettre cette nouvelle en perspective avec une autre information, publiée le lendemain, en provenance des antipodes.
Ainsi, en Inde, la Central Industrial Security Force (CISF) vient de donner le coup d’envoi d’un vaste programme de profilage comportemental dans les aéroports du sous-continent.
La nouvelle est d’importance. Mais ce qui la rend encore plus remarquable tient dans les raisons avancées par la CISF pour justifier sa décision :
What [CISF officers] are doing now is to study and observe a suspicious person rather than relying on the old method of manual checking of ticket details.
Bref, tandis que l’Inde vient de prendre une décision courageuse qui s’inscrit dans une vraie démarche de gestion du risque, la TSA fait marche arrière et préfère malheureusement miser sur la « bonne vieille méthode » du poinçonneur.
‘Paraît qu’il n’y a pas de sot métier,
Moi j’fais des trous dans des billets.
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À propos de Arnaud Palisson
Arnaud Palisson, Ph.D. fut pendant plus de 10 ans officier de police et analyste du renseignement au Ministère de l'intérieur, à Paris (France). Installé à Montréal (Canada) depuis 2005, il y a travaillé dans le renseignement policier puis en sureté de l'aviation civile. Il se spécialise aujourd'hui dans la sécurité de l'information et la protection des renseignements personnels.