La stratégie déficiente du nouveau chef de la sureté des transports américains

John Pistole a été nommé à la tête de la Transportation Security Administration (TSA) fin juin 2010,  alors que l’institution voguait sans capitaine depuis un an et demi.

M. Pistole était la semaine dernière de passage à Atlanta, l’aéroport le plus achalandé du monde. Interrogé par un journal local, l’Atlanta Journal – Constitution, il a montré que, derrière son aura d’ancien directeur adjoint du FBI, spécialiste du contre-terrorisme, se cache en fait un haut fonctionnaire déjà engoncé dans les idées reçues.

Si, les premières semaines de son mandat, le style John Pistole a pu faire illusion, il est clair aujourd’hui qu’il a fait long feu… Comme l’attestent les extraits suivants.

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Le ministère israélien des transports prend une décision de sécurité… non sécuritaire

Le Jerusalem Post révélait la semaine dernière que le ministère des transports israélien venait de contraindre la compagnie nationale El Al d’annuler la centaine de vols charter directs entre le Nigéria et Israël prévus pour la période des fêtes de fin d’année. Et aucune autre compagnie israélienne ne sera autorisée à assurer la liaison.

Cette décision, prise au vu des renseignements du service de sécurité du ministère des transports, a pour but d’éviter tout attentat, un an après la tentative du Nigérian Umar Farouk Abdul Muttalab, le 25 décembre dernier, de faire exploser le vol 253 de la NorthWest Airlines entre Amsterdam et Détroit.

Ce sont ainsi 28 000 pèlerins chrétiens du Nigéria qui devront trouver une alternative pour se rendre en Terre Sainte. Outre l’impact économique sur l’industrie du tourisme, cette décision administrative s’avère doublement inquiétante du point de vue de la sureté d’Israël.

Tout d’abord parce que, paradoxalement, cette décision accroit le risque d’attentat (1). Ensuite, parce qu’elle constitue un indice majeur de la dérive bureaucratique de l’État israélien (2).

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L’utilisation des médias sociaux par un mouvement populaire : l’exemple du Tea Party

Pourquoi le Tea Party est-il un mouvement politique intéressant pour les analystes du cyberespace ? Tout simplement parce qu’il est un exemple convainquant de la force et de l’impact des médias sociaux sur la création et l’évolution d’un mouvement populaire. Le lien pouvant se créer entre la cyber-mobilisation et l’utilisation d’une force sociale par des partisans plus radicaux démontre également qu’une anticipation sur le terrain, par les autorités compétentes, peut être faite à partir de l’observation du web. C’est ainsi que l’histoire du Tea Party démontre qu’une volonté de changement social peut être manipulée par l’extrémisme en la déviant de son but initial afin de déstabiliser la paix sociale pour obtenir une justification politique de leurs revendications.

Création du Tea Party et diffusion sur les médias sociaux

Tout commença lorsque des blogueurs, tels que Keli Carender, décidèrent d’organiser des manifestations contre les mises de fonds accordées par l’État dans le domaine bancaire afin de contrer la récession de 2008. Cette stratégie étatique se voulait être une simple étape dans un plan de relance plus large des États-Unis. Toutefois, certains Américains y virent plutôt une ingérence étatique menaçant les prémisses historiques de la Constitution par l’infiltration d’une gauche dans leur système politique. Continuer la lecture de « L’utilisation des médias sociaux par un mouvement populaire : l’exemple du Tea Party »

Témoins de Jéhovah – Vers une reconnaissance cultuelle générale en France

Le 21 septembre dernier, à Strasbourg, la Cour européenne des droits de l’homme a déclaré recevable une requête introduite par la branche française des Témoins de Jéhovah qui estime être victime de discrimination dans l’Hexagone. L’intérêt de cette requête est en réalité d’ordre fiscal (…)

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Sondage IPSOS sur les sectes : coup de projecteur sur un coup d’épée dans l’eau

Les 24 et 25 septembre dernier, l’institut de sondage français IPSOS a réalisé une enquête auprès d’un échantillon d’un petit millier de Français. Elle consistait en une demi-douzaine de questions relatives aux sectes. Nombre de médias de l’Hexagone ont fait état de ce sondage. Mais en se contentant de paraphraser une dépêche de l’AFP , la presse contribue à diffuser encore davantage une perception largement biaisée du phénomène sectaire en France.

Tout d’abord, l’IPSOS demande aux sondés :

  1. s’ils ont entendu parler de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et
  2. s’ils savent précisément ce dont il s’agit.

L’institut de sondage regroupe sous un même pourcentage ceux qui répondent oui à au moins une question. Ainsi, 26 % disent connaitre la Miviludes, un chiffre que l’on peut qualifier d’acceptable.

Toutefois, ce rapprochement réalisé par l’IPSOS est fallacieux et révèle une faille méthodologique. En effet, il existe une différence colossale entre connaitre un organisme de nom et savoir exactement quelles sont ses attributions. Continuer la lecture de « Sondage IPSOS sur les sectes : coup de projecteur sur un coup d’épée dans l’eau »

Le négationnisme sectaire entre par la porte de derrière

À peine avais-je terminé la rédaction de mon précédent billet consacré à l’Église de scientologie que je tombais sur un article du magazine Psychologies consacrée à l’organisation controversée.

Loin de moi l’idée de vouloir commenter toute l’actualité média sur le sujet. Mais cet article illustre parfaitement l’une des critiques que je formulais à propos du reportage TV Scientologie – La vérité sur un mensonge. J’expliquais en effet que les journalistes y avaient commis l’erreur de focaliser sur les témoignages d’anciens adeptes, au détriment d’une approche plus objective. Au lieu de simplement dire que les adeptes ont été trompés, il est toujours préférable de démontrer pourquoi et comment la secte trompe ses adeptes.

Ce n’est pas là une vue de l’esprit. Ce n’est pas jouer sur les mots. Cette distinction est essentielle. Centrer son propos sur les témoignages d’anciens adeptes n’est pas seulement inadapté. C’est surtout une démarche journalistique néfaste car elle offre aux sectes et à ses défenseurs une voie royale pour battre en brèche les arguments avancés.

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Une critique du reportage « Scientologie – La vérité sur un mensonge »

Résidant hors de France, je viens seulement de découvrir le reportage de Jean-Charles Deniau et Madeleine Sultan, Scientologie – La vérité sur un mensonge, (France 2, 27 mai 2010) que j’attendais de voir avec impatience.

En effet, il y a de cela plus d’un an, j’avais été en contact suivi avec les deux journalistes pour participer à ce documentaire. M. Deniau et Mme Sultan comptaient en effet beaucoup sur mon expertise professionnelle et universitaire pour renouveler l’approche sur la Scientologie. Très intéressé par la proposition, j’ai finalement dû renoncer à l’aventure.

Nul n’est indispensable et je ne doutais pas que Madeleine Sultan et Jean-Charles Deniau trouveraient d’autres intervenants pour leur faire dépeindre la Scientologie sous un jour, sinon neuf, tout du moins contrastant avec le tout-venant journalistique consacré au sujet. À l’issue des projections de presse, les médias n’avaient d’ailleurs pas tari d’éloges sur le reportage.

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Quel avenir pour les programmes « registered traveler » – 1 an après

Il y a un an, j’écrivais ici-même tout le bien que je pensais de la disparition du programme CLEAR de la société Verified Identity Pass. Arguant d’une sécurité technologique accrue, la compagnie américaine avait en effet mis en place un modèle de contrôle préembarquement pour VIP qui constituait une faille considérable dans le système de sureté des aéroports américains.

La crise économique avait eu raison de CLEAR, mais la guerre aux programmes trusted traveler n’était pas gagnée pour autant. D’autres sociétés et même les douanes américaines commençaient à développer des initiatives similaires. J’espérais que la Secrétaire d’État à la sécurité intérieure, Mme Janet Napolitano, réaliserait, au vue d’une évaluation alors en cours de ces programmes, l’erreur grossière que commettaient en la matière le secteur public comme le privé.

Un an plus tard, force est de constater que le privé semble avoir retenu la leçon. Pas le secteur public…

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À quoi servent les chasseurs de l’armée qui escortent les avions de ligne ?

Le 15 mai dernier, un vol Hong-Kong-Vancouver de la Cathay Pacific a terminé son périple au-dessus de l’océan escorté par deux chasseurs CF-18 de l’Armée de l’air canadienne. Ceux-ci avaient été dépêchés en urgence par le NORAD (North American Aerospace Defence Command), après que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) avait fait état d’une menace d’attentat à la bombe à bord de l’avion de ligne.

Quand on demande audit NORAD la raison d’un tel déploiement de force autour d’un appareil civil en plein vol, il répond par la bouche de sa porte-parole, le Major Holly Apostoliuk :

Considering the time available when information is received about a potential threat to an aircraft, one does not have time for a full investigation, and neither would anyone want us to do so. The point is, based on the information, to do all we can to ensure a safe landing of the aircraft.

On ne s’inquiéterait pas outre mesure de ce genre de déclaration à l’emporte-pièce si elle n’avait pas été malencontreusement confirmée par un professeur en science politique de l’Université Simon Fraser (Colombie-Britannique), le Pr Stuart Farson, que La Presse canadienne présente comme un « terrorism expert » :

I think it’s just being appropriately cautious. The guys at NORAD just don’t have the time to identify what the threat actually is. You have to take some sort of action.

« Vous devez agir, d’une manière ou d’une autre » ? Certes, mais pas n’importe comment. Or, en pareil cas, envoyer la chasse pour intercepter un avion de ligne ne présente pas la moindre utilité.

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De Times Square à la « No Fly List »

La récente tentative d’attentat à la voiture piégée sur Times Square, à New York, nous ramène brutalement – et étonnamment – à la question des no-fly lists. En effet, le 3 mai dernier, soit 53 heures après la découverte fortuite de l’engin explosif, l’auteur de l’attentat manqué était arrêté par les autorités, à bord d’un avion de la compagnie Emirates sur le point de décoller à destination de Dubaï.

On a déjà à peu près tout écrit et tout dit sur la regrettable incapacité du FBI et consorts a empêché le terroriste, Faisal Shahzad, de monter dans l’avion, alors que :

  1. il était inscrit sur la No fly list, la liste la plus restrictive parmi les quatre utilisées aux États-Unis pour assurer la sûreté aérienne,  (cf. ce précédent article, § 2.1)
  2. il était recherché pour un acte terroriste déjà commis (tout du moins tenté).

Ce qui doit ici davantage retenir notre attention est ailleurs. Ainsi, on constatera tout d’abord que si Faisal Shahzad a été arrêté avant le décollage, c’est grâce à une procédure mise en place juste après le 11-Septembre : celle-ci impose à toutes les compagnies aériennes d’adresser aux Douanes américaines le manifeste de leurs vols (depuis ou vers les États-Unis) 30 minutes avant le départ de l’avion. Continuer la lecture de « De Times Square à la « No Fly List » »