Les couteaux de poche ne doivent pas être autorisés en cabine. – [0/3]

Aviation civileSuite à des pressions de politiciens et de professionnels de l’aviation civile, la Transportation Security Administration (TSA) a finalement décidé de maintenir « temporairement » l’interdiction des couteaux de poche dans les cabines des avions de transport commercial. On ne peut que s’en réjouir. « Temporairement ».

Les États-Unis vivent depuis quelques semaines sous le règne du séquestre budgetaire (Budget sequestration), autrement dit des coupes drastiques qui touchent tous les secteurs publics au fédéral. Fin février, l’analyste Justin Hienz estimait :

guillemet_Le sequestre se révèle en fait une opportunité pour la TSA d’abandonner son obstination à vouloir contrôler tous les passagers des lignes aériennes – ce qui exige des ressources et une main d’oeuvre considérables– et de la remplacer par une approche plus efficiente et plus efficace.

Sequestration is actually an opportunity for the TSA to abandon its insistence on screening all airline passengers, which demands extraordinary resources and manpower, and instead adopt a more efficient and effective approach.

Absolument. Mais le reste de l’article faisait montre d’un certain optimisme que je ne partageais guère, particulièrement sur le court terme. La TSA a en effet la fâcheuse tendance de s’accrocher au 100% sécuritaire, au détriment d’une vraie stratégie axée sur la gestion du risque. Il n’a pas fallu attendre bien longtemps pour voir l’actualité confirmer mon intuition. Ainsi, dix jours plus plus tard, l’administration américaine de la sureté des transports annonçait qu’elle allait mettre fin à l’interdiction de détenir des couteaux de poche dans la cabine des avions de transport commercial.

D’ici quelques semaines, la TSA pourrait revenir à la charge avec des prescriptions légèrement remaniées, ne règlant pas le fond du problème.

La mesure envisagée avait aussitôt soulevé un tollé, aussi bien chez les professionnels de l’aviation civile que sur les bancs du Congrès américain. Le Directeur de la TSA, John Pistole, et sa ministre de tutelle, Janet Napolitano, ont rappelé à plusieurs reprises qu’ils se tiendraient à cette décision. La mesure aurait dû entrer en vigueur aujourd’hui, mais l’ampleur de la contestation a eu raison de la détermination des deux hauts-fonctionnaires. Ainsi, on apprenait lundi dernier que le ministère allait surseoir provisoirement à l’application de cette mesure, le temps, nous disait-on, de consulter tous les partenaires concernés.

On peut s’en réjouir mais ce n’est qu’un répit. D’ici quelques semaines, la TSA pourrait revenir à la charge avec des prescriptions légèrement remaniées, ne règlant pas le fond du problème. Voyons d’ores et déjà ce que pourrait nous réserver une prochaine réintroduction des couteaux de poche en cabine.

    1. Le principal risque à bord des avions de ligne n’est pas le risque terroriste
    2. Un couteau de poche est toujours plus dangereux qu’un lacet de chaussure.
    3. Une réintroduction pour le moins incohérente

À propos de Arnaud Palisson

Arnaud Palisson, Ph.D. fut pendant plus de 10 ans officier de police et analyste du renseignement au Ministère de l'intérieur, à Paris (France). Installé à Montréal (Canada) depuis 2005, il y a travaillé dans le renseignement policier puis en sureté de l'aviation civile. Il se spécialise aujourd'hui dans la sécurité de l'information et la protection des renseignements personnels.