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Le wing chun, un art martial traditionnel peu efficace pour les agents de bord en situation réelle
La Chine fut, en 1973, l’un des tout premiers pays à se doter d’un programme d’agents de sureté à bord des aéronefs civils. Aujourd’hui, il comprend :
- des Air Marshals, fonctionnaires du Bureau de sécurité publique au sein de l’Administration chinoise de l’aviation civile (ACAC), déployés sur une fraction des vols commerciaux chinois ;
- des agents de sureté des compagnies aériennes, qui se répartissent ainsi :
- des agents de sûreté à plein temps qui, comme les Air Marshals, se fondent parmi les passagers d’un avion ;
- des agents de sûreté à temps partiel qui, comme dans les compagnies aériennes israéliennes, portent un uniforme de steward ou d’hôtesse de l’air et effectuent les mêmes tâches.
Tout du moins en va-t-il ainsi en théorie. Car diverses informations récentes émanant de compagnies aériennes chinoises jettent sur la question un nouvel éclairage. Par exemple, en avril 2011, on apprenait que la compagnie Hong Kong Airlines venait de mettre en place un programme de formation en kung fu à destination de son personnel de bord, afin de lutter contre les situations d’accès de fureur en avion.
On peut comprendre que les Air Marshals chinois ne soient pas embarqués sur chaque vol. L’occident connait en effet une même problématique : le taux de couverture des vols par ces agents spécialisés est infime et contraint les services concernés à recourir à des matrices d’évaluation de la menace afin de déterminer quels vols bénéficieront d’agents de protection en cabine. Aussi, les compagnies aériennes chinoises comptent-elles sur leurs stewards et hôtesses de l’air pour assurer la sécurité – et la sureté – en cabine.
Par ailleurs, les compagnies aériennes chinoises (comme les occidentales, d’ailleurs) voient les Air Marshals à leur bord comme une perte de revenus. Un Air Marshal occupe en effet le siège d’un passager mais ne paie pas sa place. On peut penser que, pour les mêmes raisons, les compagnies rechignent à développer leur programme d’agent de sûreté à bord à temps plein. D’où l’accent mis sur les agents de sureté intégrés au personnel de bord. Mais ce que propose Hong Kong Airlines ne constitue-t-il pas une remise en cause du système ? En effet, à l’origine, ces agents étaient issus des groupes tactiques d’intervention de la police. En d’autres mots, au lieu de transformer des professionnels de la sureté en agent de bord, on forme des agents de bord à devenir des personnels de sureté. Dangereuse inversion.
C’est donc dans ce cadre que s’inscrit la formation en kung fu des hôtesses de l’air de Hong Kong Airlines. La forme de kung fu retenue est celle du wing chun, une boxe chinoise pieds-poings dont le plus célèbre pratiquant moderne fut l’acteur et professeur d’arts martiaux Bruce Lee. Former le personnel de bord des avions au wing chun est à priori une idée intéressante. En effet, cette discipline de frappe est spécialisée dans le combat à très courte distance. Dans l’exigüité des espaces de déplacement dans un avion civil, ce choix prend tout son sens. Mais est-ce une solution viable ?
Il faut tout d’abord remarqué que, lors d’un combat réel, le wing chun se révèle nettement moins efficace que dans un film de la Shaw Brothers. Le premier à l’avoir remarqué, presque à ses dépens, fut précisément Bruce Lee. Il fit ce constat suite à un combat qui l’opposa à un autre maitre de kung fu, à Oakland (Californie) en 1964, afin de conserver son droit d’enseigner son art à des non-Chinois. Ce combat révélateur a été reconstitué dans cette scène du film Dragon – L’histoire de Bruce Lee de Rob Cohen (1993) :
Bien qu’il défît son adversaire ce jour-là, Bruce Lee constata à regret que la lutte avait duré beaucoup plus longtemps qu’escompté et qu’il en était ressorti exténué. Il se mit alors à développer son propre système de combat ultime, le Jeet Kune Do, mélangeant le wing chun à d’autres techniques de combat asiatiques et occidentales.
De plus, pour être véritablement efficace en situation de combat réel, le pratiquant de wing chun doit s’astreindre à un entrainement assidu. Ce qui n’est pas le cas des stewards et hôtesses de l’air qui ne suivent que des formations ponctuelles d’auto-défense.
Par ailleurs, selon un universitaire chinois spécialiste de l’aviation civile, les Air Marshals de la République populaire suivent une formation en arts martiaux chinois traditionnels, mais complétée de techniques issues de la boxe moderne et autres techniques de saisie et de combat rapproché.
Cela signifie que, même pour ses professionnels de l’intervention tactique, le seul wing chun n’est pas suffisant. À fortiori, comment pourrait-il en être autrement pour un personnel de bord formé en dilettante ?
D’autres disciplines de combat rapproché seraient-elles plus adéquates ? Nous verrons prochainement que, au-delà du kung fu, les techniques de frappe en général ne sont pas adaptées aux situations d’accès de fureur dans les avions commerciaux.
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À propos de Arnaud Palisson
Arnaud Palisson, Ph.D. fut pendant plus de 10 ans officier de police et analyste du renseignement au Ministère de l'intérieur, à Paris (France). Installé à Montréal (Canada) depuis 2005, il y a travaillé dans le renseignement policier puis en sureté de l'aviation civile. Il se spécialise aujourd'hui dans la sécurité de l'information et la protection des renseignements personnels.
Il est vrai que le wing chun est un art martial mais toute fois reste un art martial redoutable quand il est maîtrisé sur tout en combat instantanée, mais cependant il faut en avoir une approche différente surtout en combat rapprocher. Comme toute art il évolue dans l’esprit martial, le wing chun est art martial qui n’est pas réellement enseigner complet, peu de gens on eu cette enseignement de techniques,du combat pour en devenir des combattants expérimenté et efficace.
Il ne fait aucun doute qu’un expert en wing chun sera efficace en situation de combat.
Mais compte tenu du temps nécessaire pour parvenir à une telle maîtrise, cet art martial n’est absolument pas adapté à l’objectif fixé par la compagnie aérienne.