Version originale : Sources & Methods
Traduit de l’anglais (américain) par AP
– Introduction et sommaire de cette série –
Il faut tuer le cycle du renseignement.
Je le pense vraiment.
Le « cycle du renseignement » – une représentation du fonctionnement du processus de renseignement – est un résidu de la Seconde Guerre mondiale qui a largement dépassé sa date limite de consommation. Il est devenu toxique. Aujourd’hui, il infecte plus qu’il n’informe. C’est moins un cycle qu’un cyclope : vieux, laid et destructeur.
Je veux le voir mort et enterré, anéanti, éradiqué.
Et franchement, peu m’importe ce qu’il nous faudra faire pour y parvenir. Retirons-le de tous les manuels de formation, supprimons-le de toutes les diapositives PowerPoint, effaçons-le de tous les sites web.
Tirons-lui une balle en argent, enfonçons-lui un pieu en bois dans le cœur, brûlons ses restes sans cérémonie et dispersons ses cendres.
Mon dieu, Kris, si vous nous disiez plutôt ce que vous ressentez vraiment…
OK, d’accord. Alors oui, je suis volontairement provocateur, mais j’ai fait quelques recherches sur le processus de renseignement au cours des dernières années et j’en suis arrivé à la conclusion – comme d’autres avant moi – que notre meilleure représentation actuelle du processus, le soi-disant « cycle du renseignement », est irrémédiablement défectueuse. Par ailleurs, je crois que ces défauts sont si importants, si graves, que continuer à adhérer et à promouvoir le cycle du renseignement s’avère contreproductif.
Mon objectif pour les prochaines semaines sera de présenter ici les éléments à charge que j’ai rassemblés, que ce soit sur le cycle lui-même ou sur les tentatives visant à corriger ses pires défauts – voire à le remplacer. Et ce, afin que vous puissiez juger par vous-mêmes.
En bout de ligne, j’entends proposer (en toute humilité et bien conscient du risque que le remède puisse être pire que le mal) ma propre vision générale du processus de renseignement ; une vision que j’estime mieux adaptée au travail de renseignement, au 21ème siècle ; et une vision qui fonctionne, en théorie comme en pratique, pour les trois principaux secteurs du renseignement : la sureté de l’État, le monde des affaires et la lutte contre le crime.
2ème partie -« Nous allons marquer une pause.
Notre programme reprend dans une minute…»
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À propos de Kristan Wheaton
Kristan Wheaton, J.D., est maitre de conférences à l’Institute for Intelligence Studies de la Mercyhurst University à Erie, Pennsylvanie (États-Unis). Ancien analyste du renseignement pour l’US Army, il fut notamment chef analyste pour l’Europe, au sein de la Direction du renseignement de l’US European Command, à Stuttgart.