La loi américaine sur les armes à feu indétectables rate sa cible | 2/3

Introduction et sommaire de cette série

2ème partie – Comment détecter une arme indétectable ?

Aviation civileÉnoncer une interdiction ne suffit pas. Encore faut-il être capable de la faire respecter. Pour pouvoir réprimer les porteurs d’armes prohibées, il est impératif d’être en mesure de repérer ces armes. Seulement voilà : comment détecter des armes indétectables ?

Interrogé récemment par Le Figaro, le conseiller juridique de l’association Gun Owners of America, Michael Hammond, déclarait :

MichaelHammondguillemet_Les pistolets en plastique ne représentent pas une véritable nouvelle menace, pour un certain nombre de raisons. Les rayons X dans les aéroports permettent de détecter un pistolet en plastique, les rayons X dans les tribunaux le font aussi, donc dans ces circonstances, je ne suis pas sûr que cela constitue un vrai danger.

Oh, comme on aimerait que ce soit aussi simple !

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Un jeu de plateau pour sensibiliser au renseignement en contexte aéroportuaire

Formation par le jeuThéorie du renseignementEn mai dernier, j’ai eu l’opportunité de me rendre à l’University of Texas at El Paso (UTEP), pour la 9ème Conférence annuelle de l’International Association for Intelligence Education (IAFIE).

J’y ai présenté Bellaerophon, un jeu pédagogique que j’ai développé pour sensibiliser au renseignement les employés d’aéroport et les inciter à participer au réseau de renseignement de la Sûreté aéroportuaire d’Aéroports de Montréal.

Voici la présentation PowerPoint donnée cette occasion :

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Par ailleurs, il y a quelques semaines, le Journal of Strategic Security, édité par la Henley-Putnam University (Californie), a publié les actes de ce colloque. On trouve dans ce numéro spécial l’article que j’ai consacré à ce jeu de plateau, détaillant le pourquoi, le comment et les résultats de cette expérience encourageante à bien des égards.

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Les zombies sèment la pagaille au ministère de la sécurité publique

Organiser des exercices de mesures d’urgence sur un scénario d’invasion de zombies n’est pas dilapider l’argent du contribuable. C’est une façon intelligente de dynamiser, de motiver et de mieux former les différents intervenants.

Formation par le jeu

La semaine dernière s’est tenu à Québec un colloque organisé sous l’égide du ministère québécois de la sécurité publique au cours duquel on donnait diverses formations en gestion des mesures d’urgence. À l’origine, l’un de ses ateliers devait consister en un exercice de table de 3 jours simulant une invasion de zombies.

Le ministre québécois de la sécurité publique, M. Stéphane Bergeron, s’était insurgé que l’on puisse gaspiller des fonds publics pour monter des projets aussi puérils, en précisant (toutes les occasions sont bonnes) que cette initiative avait été lancée par le précédent gouvernement :

guillemet_

Moi, sincèrement, si on m’avait posé la question (avant), j’aurais dit : il y a-tu moyen de trouver autre chose… Mais manifestement, il semble que mon prédécesseur était très à l’aise avec la thématique des zombies.

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Qu’est-ce que le renseignement ? 2ème partie

par Kristan Wheaton
Version originale : Sources & Methods http://ow.ly/dwyC7 – 30 juin 2008
Traduit de l’anglais (américain) par AP

» Sommaire de cette série «

L’importance d’une définition claire

Dans ce cas, pourquoi observe-t-on un tel manque de cohérence dans la définition du renseignement ?

Tout d’abord, il arrive souvent que des non-professionnels aient une vision romancée de certaines professions. Par exemple, principalement en raison de la popularité des films et séries TV se déroulant dans les tribunaux, beaucoup de gens ont tendance à penser que les avocats passent le plus clair de leur temps dans les prétoires. En réalité, c’est tout le contraire. La plupart des avocats sont peu souvent en cour ; et certains avocats n’y vont jamais. Pour ce qui est des idées préconçues du public à l’égard du renseignement, le plus simple serait de les attribuer à l’industrie du divertissement et à son insatiable appétit de fictions d’espionnage.

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Un vice de procédure via ce blogue ? L’Église de scientologie parisienne aura vraiment tout essayé…

Condamnée lourdement par la Cour d’appel de Paris en février dernier, l’Église de scientologie parisienne fait feu de tout bois pour obtenir l’annulation de l’ensemble de la procédure devant la Cour de cassation. Dernière tentative en ce sens : l’église se réfère expressément à un article de ce blogue et l’élève au rang de preuve formelle d’un vice de procédure. Mais l’argumentaire fait long feu, tant il est éloigné de la réalité.

Ainsi, mercredi 2 mai, devant les locaux de l’antenne parisienne de l’École nationale de la magistrature (ÉNM), s’est tenue une manifestation organisée par l’Église de scientologie locale. Il s’agissait pour l’organisation de dénoncer un récurrent séminaire de formation organisé en collaboration avec la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) à destination des magistrats. Voilà près de quinze ans que l’ÉNM accueille une telle initiative. Et l’Église de scientologie a coutume de la dénoncer.

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Un nouveau contributeur, spécialiste international en sureté aérienne

J’ai le plaisir de vous annoncer que Rapports minoritaires compte un nouveau contributeur, en la personne d’Amotz Brandes. M. Brandes est un spécialiste mondialement reconnu de la sureté aéroportuaire. Ancien du renseignement dans l’Armée israélienne, il fut durant plus de quatre ans profileur de sureté pour la compagnie aérienne El Al.

Il est aujourd’hui directeur associé au sein de Chameleon Associates une compagnie de formation-conseil en sureté et en renseignement privé, présente à l’international. J’ai assisté à plusieurs  séminaires de formation animés par Amotz. J’ai ainsi pu apprécié l’étendue de ses compétences en matière de profilage et d’entretien de sureté.

Amotz a très volontiers accepté que je traduise et publie ici des articles écrits à l’origine (en anglais) sur le site web de sa compagnie. Aussi, c’est avec une grande joie que je l’accueille sur ce blogue.

Il faut tuer le cycle du renseignement – 13ème et dernière partie

La vue d’ensemble

par Kristan Wheaton

Version originale : Sources & Methods

Traduit de l’anglais (américain) par AP

– Introduction et sommaire de cette série –

En fin de compte, que vous acceptiez ou non ce nouveau modèle de processus du renseignement, il est évident que l’antique cycle du renseignement doit être éliminé. Peu importe que vous le fassiez avec les honneurs ou – comme je le recommande – avec des explosifs. À ce stade de mes développements, ce devrait être clair : le cycle   doit disparaître.

Pour résumer, on rappellera que le cycle du renseignement achoppe sur au moins trois plans :

  • on ne parvient pas à définir ce qu’il est, ni même ce qu’il n’est pas ;
  • il ne correspond pas à la façon dont fonctionne le renseignement au XXIème siècle ;
  • il ne nous aide nullement à expliquer nos processus aux décideurs que nous assistons.

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Contrôle aléatoire préembarquement : une dangereuse illusion de sureté

Dans les aéroports canadiens, le point de contrôle préembarquement déploie des appareils de haute technologique, particulièrement onéreux à implanter et à entretenir ; mais que l’on peut pourtant encore contourner.

La liste des exemples est longue ; aussi n’en citerai-je ici que deux, sur lesquels j’ai déjà écrits dans le cadre de ce blogue.

  • Les fameux scanneurs corporels, tout d’abord. Au Canada, ces « scanneurs qui déshabillent » ne sont utilisés qu’au contrôle secondaire ; c’est à dire seulement lorsque le portique détecteur de métaux du contrôle primaire sonne l’alarme. Cette approche me semble contestable, comme je l’ai précédemment expliqué ici.
  • Les détecteurs d’explosifs liquides, ensuite. Comme je le mentionnais dans un précédent article, ces appareils demeureront  sans grand intérêt tant qu’une technologie efficace ne sera pas en place à toutes les lignes de contrôle préembarquement, dans tous les aéroports et tant que l’on ne les aura pas couplés systématiquement avec un scanneur corporel.

À la lecture de ces textes, on serait tenté de rétorquer : C’est oublier un important niveau de sureté supplémentaire : le contrôle aléatoire au point de fouille.

Non, je ne l’ai pas oublié. Malheureusement, dans les faits, cette mesure se révèle illusoire pour lutter efficacement contre le terrorisme aérien.

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Sectes et formation professionnelle – Quand les institutions canadiennes font les mêmes erreurs que les françaises

En 2006, le Conseil scolaire catholique franco-nord de l’Ontario (CSCFN) avait passé des contrats pour plusieurs sessions de formation en pédagogie émotionnelle avec l’Académie de plaisirologie et d’intelligence émotionnelle (APIE). L’année suivante, la direction du conseil apprenait que l’APIE était dirigée par un évêque et deux prêtres de la religion raëlienne. Le CSCFN décidait alors de mettre fin unilatéralement auxdits contrats et avertissait d’autres conseils scolaires de l’Ontario de ne pas faire affaire avec cette firme, en raison de l’obédience religieuse de ses formateurs.

Mais les trois disciples de Claude Vorilhon n’en sont pas restés là et ont porté l’affaire devant le Tribunal des droits de la personne de l’Ontario. Le 10 décembre dernier, la juridiction rendait la seule décision qui s’imposait en l’espèce : elle a condamné le Conseil scolaire pour discrimination religieuse :

« Sur la base des documents déposés par les parties, le Tribunal conclut qu’il y a eu discrimination selon l’article 3 du Code [des droits de la personne], et ce, au motif de la croyance. L’intimé a mis fins a (sic) des contrats de service en raison de la croyance des requérants.»

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