Les couteaux de poche ne doivent pas être autorisés en cabine. – [1/3]

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Le principal risque à bord des avions de ligne n’est pas le risque terroriste

Aviation civileSi l’on s’en remet à une véritable analyse du risque de sûreté dans les avions de transport commercial, on constate que le passager perturbateur violent présente un risque bien plus élevé que le terroriste en mission suicide.

Pour justifier sa décision de permettre la réintroduction des couteaux de poche, la TSA argue du fait que les portes de cockpit des avions de ligne ont été renforcées ; ainsi, il n’y aurait plus moyen pour un fou de Dieu armé un canif de réitérer le drame des Twin Towers. Pour la TSA, il conviendrait en revanche de mettre l’accent sur la détection des engins explosifs. Ce faisant, l’administration américaine énonce explicitement que le vrai danger du transport aérien, c’est le terrorisme. La réalité est tout autre.

Il existe en effet un risque bien plus grand que le terrorisme dans les avions de ligne. Un risque qui se réalise tous les jours, quelque part dans le ciel. Ce danger dans l’aviation civile qui devrait éclipser le terrorisme, c’est le passager perturbateur violent, celui qui ne tient pas l’alcool en altitude, celui qui stresse, celui qui n’a pas pris ses médicaments (ou en a pris trop) et qui entre en crise en frappant ceux qui lui demandent de se calmer. Les anglophones désignent cette menace sous le terme air rage. J’utilise pour ma part le vocable accès de fureur en vol. Continuer la lecture de « Les couteaux de poche ne doivent pas être autorisés en cabine. – [1/3] »

Les couteaux de poche ne doivent pas être autorisés en cabine. – [0/3]

Aviation civileSuite à des pressions de politiciens et de professionnels de l’aviation civile, la Transportation Security Administration (TSA) a finalement décidé de maintenir « temporairement » l’interdiction des couteaux de poche dans les cabines des avions de transport commercial. On ne peut que s’en réjouir. « Temporairement ».

Les États-Unis vivent depuis quelques semaines sous le règne du séquestre budgetaire (Budget sequestration), autrement dit des coupes drastiques qui touchent tous les secteurs publics au fédéral. Fin février, l’analyste Justin Hienz estimait :

guillemet_Le sequestre se révèle en fait une opportunité pour la TSA d’abandonner son obstination à vouloir contrôler tous les passagers des lignes aériennes – ce qui exige des ressources et une main d’oeuvre considérables– et de la remplacer par une approche plus efficiente et plus efficace.

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Les zombies sèment la pagaille au ministère de la sécurité publique

Organiser des exercices de mesures d’urgence sur un scénario d’invasion de zombies n’est pas dilapider l’argent du contribuable. C’est une façon intelligente de dynamiser, de motiver et de mieux former les différents intervenants.

Formation par le jeu

La semaine dernière s’est tenu à Québec un colloque organisé sous l’égide du ministère québécois de la sécurité publique au cours duquel on donnait diverses formations en gestion des mesures d’urgence. À l’origine, l’un de ses ateliers devait consister en un exercice de table de 3 jours simulant une invasion de zombies.

Le ministre québécois de la sécurité publique, M. Stéphane Bergeron, s’était insurgé que l’on puisse gaspiller des fonds publics pour monter des projets aussi puérils, en précisant (toutes les occasions sont bonnes) que cette initiative avait été lancée par le précédent gouvernement :

guillemet_

Moi, sincèrement, si on m’avait posé la question (avant), j’aurais dit : il y a-tu moyen de trouver autre chose… Mais manifestement, il semble que mon prédécesseur était très à l’aise avec la thématique des zombies.

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Protection du périmètre extérieur des aéroports – Un paradoxe

Justin Sullivan - Getty Images

Lorsqu’il s’agit de protéger adéquatement l’aviation civile contre des actes malveillants, les solutions les plus onéreuses sont parfois les moins efficaces. C’est notamment ce que l’on constate avec la vulnérabilité que constitue le périmètre extérieur des aéroports ; une problématique qui s’avère à la fois plus simple et plus complexe qu’il n’y parait.

Aviation civileLa semaine dernière, l’aéroport de Bruxelles a été le théâtre d’un retentissant vol à main armée. Déguisés en policiers, les cambrioleurs bien renseignés – vraisemblablement via une complicité à l’interne – ont préalablement découpé la clôture du périmètre extérieur et, à bord de deux voitures, ont pénétré sur le site aéroportuaire, ont atteint le tablier de l’aéroport et braqué pour 50 millions de dollars en bijoux que l’on venait de monter à bord d’un avion. Ils ont ensuite pris la fuite par le chemin emprunté à l’aller. Le tout en cinq minutes chrono.

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Un « expert » en terrorisme oublie ce qu’est le terrorisme

Quoi que puisse en dire l’ancien président d’un célèbre groupe de réflexion canadien, le terrorisme est d’abord une question de violence grave aux personnes. Si cet élément fait défaut, l’activisme politique, aussi perturbateur soit-il, ne relève pas du terrorisme.

Le Canada connait depuis des semaines un conflit sociétal d’envergure dans le dossier des droits des communautés autochtones. Désigné sous l’appellation générique Idle No More, il vise à faire pression sur le gouvernement fédéral pour qu’il revienne sur la loi C-45 dont certaines dispositions remettent en cause des droits acquis des Premières Nations.

Dans le cadre de cette contestation pancanadienne, le 5 janvier dernier, un groupe d’autochtones s’était rassemblé sur une voie ferrée du Canadien National (CN) près de Belleville (Ontario). Ils avaient activé un signal de passage à niveau, allumé un feu sur la voie et occupé les lieux, pour empêcher les trains de passer.

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Quand les experts critiquent les mesures de sureté aéroportuaire à coups de statistiques extravagantes

C’est une évidence, la sureté dans les aéroports coûte cher. Très cher. Beaucoup trop cher. Le rappeler avec véhémence et emphase revient à défoncer une porte ouverte. D’aucuns tentent même de l’enfoncer à coup de bélier, en brandissant une poignée de statistiques proprement inadéquates (pour ne pas dire ridicules).

C’est ce que vient de faire l’économiste Charles Kenny via le très sérieux Bloomberg BusinessWeek, dans un article intitulé Airport Security is Killing Us paru la semaine dernière.

Pour lui, les mesures de sûreté mises en place par la Transportation Security Administration (TSA) dans les aéroports américains sont aberrantes en raison :

  • de leur coût pharaonique,
  • de l’insignifiance statistique de la menace terroriste aux États-Unis.

Ce blogue m’est témoin que je ne suis pas un fervent partisan de la TSA. Il est indéniable que la stratégie de l’agence américaine est terriblement déficiente quand elle n’est pas tout simplement absurde et aboutit à des dépenses publiques proprement insensées. Mais quand, pour le démontrer, des experts versent dans le sensationnalisme statistique, ils manquent totalement la cible.

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Non, le profilage de sureté ne doit pas être du profilage racial

De toutes les mesures de protection de l’aviation civile, le profilage est décidément la plus mal comprise. Dès qu’un politicien ou un journaliste se penche sur la question, le terme est encore et toujours synonyme de « profilage racial ».

Cette incompréhension majuscule offre diverses déclinaisons. Par exemple, depuis plusieurs années, resurgit régulièrement une théorie saugrenue selon laquelle le profilage racial aurait parfaitement sa place dans les systèmes de sûreté de l’aviation civile des pays démocratiques.

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Que nous apprend l’attentat de Bourgas ?

Le 18 juillet dernier, à l’aéroport de Bourgas (Bulgarie), un attentat à la bombe a causé la mort de six personnes et fait 30 blessés. L’explosion s’est produite dans le stationnement qui fait face à l’aérogare et visait un autocar affrété pour conduire à leur hôtel des touristes israéliens qui venaient de débarquer de l’avion – cinq d’entre eux en sont décédés

Le porteur de la bombe était un homme d’une vingtaine d’années, déguisé comme un touriste, qui aurait ainsi pu monter à bord de l’autocar visé sans éveiller les soupçons. On pense aujourd’hui qu’il aurait agi comme « mule », pour le compte d’un autre terroriste, situé à proximité, qui aurait déclenché l’explosion au moment opportun.

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Un système de sureté qui dépasse l’entendement

Par Amotz Brandes

Version originale : It Boogles the Mind  – chameleonassociates.com

Traduit de l’anglais (américain) par AP

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Ces derniers jours, on ne peut être qu’abasourdi par l’actualité de la sureté aérienne.

Des bambins sur les listes d’interdiction de vol

Ce mois-ci, une adorable petite fille de 18 mois a dû sortir d’un avion [peu avant le décollage]. La compagnie aérienne a prétendu que l’enfant figurait sur la liste d’interdiction de vol, à cause d’une erreur informatique. La compagnie a justifié sa décision en indiquant qu’elle a suivi le protocole.

De nouvelles armes terroristes défient nos systèmes de sureté

Les terroristes développent des bombes non métalliques, faites de composants difficiles à détecter et soigneusement dissimulés.

Les voyageurs sont à bout de patience

Aujourd’hui, les passagers sont pour ainsi dire en guerre contre la TSA [Transportation Security Administration – NdT]. Aux désagréments qu’ils subissent dans les longues files d’attente s’ajoutent des doutes récurrents sur l’efficacité de notre système de sureté de l’aviation civile.

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Une sureté efficace sans renseignement ?

Par Amotz Brandes

Version originale : Good Security without Intel?

Traduit de l’anglais (américain) par AP

Une organisation de sureté peut-elle travailler efficacement sans recourir à du renseignement fourni par des organismes à l’externe ? La réponse est un oui retentissant. Souvent, les organismes de sureté dépendent des agences gouvernementales pour la fourniture d’informations [sensibles]. Par exemple, la Transportation Security Administration (TSA) se fie au Terrorist Screening Center du FBI pour produire la liste d’interdiction de vol [No-Fly List] et la liste de sélection de contrôle secondaire. Le renseignement fourni par une institution gouvernementale peut évoquer la possibilité d’un attentat, identifier une personne digne d’intérêt ou révéler un mode opératoire terroriste. La diffusion de ce renseignement peut être aussi bien générale que spécifique. Mais, qu’il concerne l’identité d’un ennemi potentiel, des indicateurs de suspicion ou un mode opératoire, ce renseignement, certes bienvenu, s’avère limité par nature.

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